dimanche 25 mai 2014

Le nouveau-né

Voici un passage du livre de Maria Montessori "l'enfant dans la famille" qui traite du nouveau-né, que je trouve tout simplement sublime !
Les adultes, les parents, la famille, les amis, ne se rendent souvent pas compte de la brutalité avec laquelle on accueille ce petit être qui vient de naître il y a quelques heures, ou quelques jours seulement ...
Le nouveau-né, tout comme la mère, voir plus, à besoin de tranquillité, de repos, et non d'être réveillé, porté, par des personnes qu'il ne connaît pas, dont il ne reconnait pas la voix, l'odeur etc.
Il a besoin de calme, et d'être plongé dans une ambiance sereine et paisible, pour faire connaissance en douceur avec son nouvel environnement, sa maman, son papa ...


 "Le drame du nouveau-né vient de la séparation nette d'avec cette mère qui a tout pris en charge pour lui jusque là. Séparé d'elle, abandonné à ses propres et faibles forces, il doit tout à coup remplir seul toutes les fonctions de la vie. Jusqu'à présent, il a grandi couché là, où un liquide tiède crée pour lui, pour lui permettre de mieux se reposer, le gardait à l'abri des heurts et de tout changement de températures; là où il n'avait jamais été atteint par le moindre rayon de soleil, ni le bruit le plus doux. 
Mais voilà qu'il quitte cet environnement pour vivre à l'air. Le changement est brusque et sans stades de transitions se succédant : de l'état de repos où il se trouvait, il doit soudainement se soumettre au dur travail de venir au monde. [...]
Et nous, que faisons nous pour le recevoir, pour l'aider ? Tout le monde s'affaire autour de la mère. Le médecin lui lance un regard rapide pour s'assurer qu'il est sain et tonique, comme s'il disait "Maintenant que tu es vivant et en bonne santé, débrouille toi comme tu peux !".
Les parents le regardent avec une joie émue : en recevant ce don de Dieu leur égoïsme culmine au sommet du bonheur : "Un bel enfant est né, un fils est né."
L'enfant comble de concrétise un espoir heureux : l'adulte a un enfant et sa présence au sein de la famille en réunit tous les membres d'un sentiment d'amour.
Le père souhaitera probablement voir ses yeux et cherchera à les faire s'ouvrir pour connaître la couleur de ses yeux qui le regarderont un jour. 
Cependant, alors qu'on pense à tamiser la lumière et à faire silence autour de la mère fatiguée, qui pense à laisser l'enfant - fatigué, lui aussi - se reposer au calme et dans le noir, pour qu'il puisse s'adapter petit à petit à son nouvel environnement ? Personne ne voit dans l'enfant qui vient de naître l'être humain qui souffre, ni ne pense à la sensibilité extrême de son petit corps que personne n'a jamais touché jusqu'à présent, ou à ses réactions aux innombrables impressions physiques nouvelles, inaccoutumé qu'il est à tout contact. [...]
Si nous observons les animaux,  la mère cache ses petits et les garde à l'abri de la lumière pendant un certain temps, tout en les couvrant de la chaleur de son corps doux. Elle est jalouse, ne permet pas aux étrangers de les approcher, ne tolère pas que ses petits soient déplacés, ni observés. Pour le nouveau-né en revanche, ni la nature, ni la civilisation ne prennent soin d'adoucir la rude adaptation de l'être le plus noble et délicat de la Création."

[chapitre "le nouveau-né" - L'enfant dans la famille - Maria Montessori]

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